Entrevue de Danielle Charland – Auteure

Entrevue de Danielle Charland – Auteure

Danielle Charland habite la région des Laurentides. Elle a l’âge où s’accumulent les souvenirs et les histoires à raconter. Les enfants qu’elle côtoie tous les jours sont pour elle une grande source d’inspiration. Enseignante en première année, elle leur apprend à lire et à écrire depuis plus de trente ans.

 

Qu’est-ce qui a inspiré ton premier roman publié aux Éditions Lo-Ély, La main sur les yeux ?

En fait, contrairement à mes romans destinés à un plus jeune public et souvent inspirés d’élèves qui m’ont marquée, La main sur les yeux est une pure fiction. Ceci, même si un auteur puise souvent dans ses souvenirs, ou ceux des autres…

Une suite à cette dernière l’histoire est prévue pour le mois de septembre, à quoi nous devons nous attendre pour ce nouveau roman intitulé un trou dans le temps ?

La main sur les yeux suggérait une « fin ouverte ». Le lecteur pouvait s’imaginer plusieurs avenues… Inconsciemment, je crois que j’imaginais une suite. Cette suite, Un trou dans le temps, se déroule quinze ans plus tard. Salomé et Zack ont maintenant trente ans. Ils ne se sont jamais revus… On les retrouve où ils sont rendus dans leur vie. Et, j’attache les fils de tout ce qui était resté en suspens dans le précédent roman.

Parmi tes deux romans, as-tu un personnage préféré ?

J’aime beaucoup Bruno, l’enseignant d’arts plastiques. Il est l’enseignant que nous souhaiterions tous avoir eu. C’est-à-dire, humain, à l’écoute, dynamique, passionné. Et comme enseignante, celle que j’ai tenté d’être pour mes étudiants.

Pourquoi avoir choisi d’écrire pour un public adolescent ?

C’est suite à une suggestion d’une maison d’édition. On m’avait dit que le créneau des 8- 12 ans était très populaire chez les auteurs, donc saturé d’offres. Et qu’à l’inverse, le créneau pour adolescents, beaucoup moins. Est-ce encore vrai ?

Écrire des histoires évoquant des sujets aussi sensibles est-il difficile pour toi ?

Plonger dans mes émotions est pour ma part un exutoire thérapeutique. Puiser dans mes émotions et mes expériences de vie rendent mon écriture plus vraie, plus sentie. Je crois que le lecteur le ressent. Revenir dans mes souvenirs, dans des moments plus difficiles de ma vie, les écrire, m’a permis de tourner des pages et de passer à autre chose. De niveler certaines aspérités.

Chez toi, comment est ton espace d’écriture ? Dois-tu composer dans le silence total pour être inspirée ?

Je dois être dans le silence. Au chalet, dans ma cuisine, en voyage mais dans le silence. Je ne pourrais pas écrire dans un café comme le font certains auteurs. Je suis trop curieuse; je regarde qui entre, j’écoute ce que dit la table d’à côté. À ce sujet, les conversations soutirées à des voisins de table peuvent apporter d’intéressantes pistes d’histoires.
J’aime bien aller marcher avant d’écrire; j’ouvre le « canal ». Au départ, mon histoire est toute construite selon un plan d’écriture. Ensuite, je la sépare en chapitres. Lorsque j’écris, j’écris par chapitre. Je pars marcher en me mettant en tête le chapitre que j’écrirai. L’histoire s’installe dans ma tête et je l’écris au retour.

Est-ce qu’une de tes histoires a subi des changements significatifs depuis sa première ébauche ?

Oui, j’ai un plan mais il demeure flexible. Mon écriture m’amène souvent ailleurs et je me laisse guider. J’aime bien me laisser surprendre par mes personnages et ma propre histoire.

Travailles-tu actuellement sur de nouveaux projets autres qu’Un trou dans le temps ?

Oui, un roman pour adultes. Également, l’écriture de pièces de théâtre pour enfants que mes collègues (enseignantes/ comédiennes), jouent dans les écoles. Avec l’une des pièces, Invente-moi un ami, nous avons gagné le Grand Prix de la Culture Desjardins à l’automne dernier.

On dit souvent que l’auteur « fait passer un message » : est-ce le cas pour toi ? Si oui, quel est ce message ?

Concernant mon écriture pour les plus jeunes, oui. Je mets toujours une valeur en avant-plan. Enrober un message par une histoire fantaisiste est mon défi. Et cela également, pour les pièces que j’écris. Le but visé et la commande sont à la base didactiques puisque le public visé est un public scolaire : la gestion des émotions, l’inclusion et les différences, la gestion de conflits par les pairs. Mais quelles belles bases à de fabuleuses histoires!! Cependant, pour les plus vieux, je laisse porter… Je crois que le message reçu est différent pour chaque lecteur. Il s’agit de savoir où et quand le roman le rejoint. Des lecteurs m’ont dit avoir vu dans La main sur les yeux, des liens que je n’avais même pas imaginés.

Préfères-tu lire un bon bouquin en format papier ou en format numérique ?

Format papier, toujours. Pour le poids d’un livre dans mes mains, la senteur de l’encre, pour toutes les âmes qui ont lu et se cachent derrière les livres empruntés à la bibliothèque. Pour l’immense beauté et richesse d’une bibliothèque dans une maison.

Quel conseil donnerais-tu à une personne ayant pour projet d’écrire son premier roman ?

Ouf !!! Discipline, persévérance et résilience. Beaucoup de résilience. C’est le coût d’une passion.

Comment as-tu connu les Éditions Lo-Ély ?

Mon frère était allé au marché de Noël de Lachute. Il s’était entretenu avec Tricia.
À son retour, il m’a téléphoné et m’a parlé de cette femme particulièrement dynamique et pro-active.
Je lui ai envoyé mon roman. Elle l’a aimé et m’a demandé d’en faire une suite. Voilà le début de cette belle histoire avec Lo-Ély.